DCIII.

Publié le 20 Octobre 2014

La météo est au beau, il est agréable de se promener. La rue Louis Ricard est déserte. Ou tout comme. La fontaine ne bouge pas. Toujours aussi triste, à l’abandon. Le temps aidant, elle prend des allures de temple khmer. Il s’en faut que la végétation y ajoute une note comme irréversible et mystérieuse. D’un peu forcée aussi. Ce qui se construit en face, les Terrasses de Sainte-Marie, est plus à redouter que les morsures des années. A bien les regarder, le cheval de gauche et le cheval de droite voient ces futurs voisins d’un mauvais œil. Ils ont raison.

Le square André-Maurois (un auteur qu’on ne lit plus) ne s’améliore pas. Du square et des vieilles pierres, bientôt il ne restera plus rien. Voilà t’y pas (un vieux rouennais vous parle) qu’y zont installé un jardin partagé. Nouvelles mode pour un vieux jeu. Ainsi, les bien-pensants du quartier planteront ici choux et carottes. Et n’en récolteront aucun, vous vous en doutez. Savez-vous ce que c’est que faner ? écrivait la chère marquise. L’allusion (à défaut d’illusion) est parfaite.

Donc les pelouses sont recouvertes de ces nouveaux bacs à sable pour écologistes, à quoi s’ajoute (dites, ça pousse pas tout seul) un bac à compost que les habitants du quartier sont invités à pouvoir. Comme on manquait un peu de place, on a installé ce bac à deux pas du monument aux morts des étudiants en pharmacie. Avouons qu’en période de commémoration du fameux centenaire, l’attention est délicate. Tout cela a un côté jardin du souvenir mâtiné tas de fumier qui est à l’image de toute l’initiative solidaire et trans-générationnelle.

On me dit que ce malheureux quartier est redevable de ces clowneries aux élus écologistes siégeant aux côtés de Robert le Pieux. M’étonne pas. Dès que ces gens-là abordent les grandes questions du moment, leur imagination n’a plus de borne. Ni dans le principal, ni dans les détails (là où gît le diable).

A propos, lisant mon vieux quotidien, je constate que notre maire (trop souvent vilipendé, à l’image de tant d’autres) tient bon. Je veux dire qu’il ne faiblit pas (ou guère) face aux camionneurs pressés, automobilistes râleurs, et commerçants désœuvrés.

L’ennui, c’est que ses meilleurs amis créateurs (sinon créatifs) sont d’un ou deux avis plus conciliants. Bref, Yvon Ier est le seul. Les autres amusent la galerie. Communiquent à tout va, mais tripotent dans la poubelle. C’est pas eux qui jetteraient leurs épluchures dans le bac Maurois. Un peu oui, pas tout à fait. Robert lui trie tout, un bac rose, un vert, un rouge, un bleu… Ah non, pas un bleu, pour me faire attraper, merci.

Pour qui ai-je voté aux dernières municipales ? Aucun souvenir. En tout cas, j’ai eu tort (comme à chaque fois). J’ai voulu jouer au plus fin, poser au stratège. Aligner les pions. Avec Robert II en premier choix, j’aurais aujourd’hui raison et pourrais argumenter au comptoir. S’il y a un Robert III, il a ma voix. Promis, juré craché, croix de bois, croix de fer, si je mens, etc.

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O
il me semble que les animaux de la Fontaine Sainte Marie sont à droite un cheval, et à gauche une vache(ou un boeuf) mais ce n'est pas important . J'aime bien ce que vous racontez...
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