DCII.

Publié le 16 Octobre 2014

Quelle différence entre la rue du Gros-Horloge et la rue de la Grosse-Horloge ? Il y en avait une autrefois. Du moins, sur papier. Question de génération, je crois. De nos jours, tout un chacun va rue du Gros. Cela suffit pour se faire entendre. Le côté souk y domine. Godasses, fringues, montres, embrassez qui vous voudrez. Les rues perpendiculaires (quel mot !) s’y mettent. Impossible de s’y réfugier.

On aura connu tant de choses dans cette rue ! Maintenant plus rien. Même Toto Soldes qu’on regrette ! C’est dire. Depuis quelques temps, un bonhomme pas trop sympathique y montre des chiens et des chats (siamois) qu’il exhibe dans une petite charrette. C’est un mendiant new look. Il se réfère au peu que lui verse la Carsat pour jouer les Monsieur Vitalis de mauvais aloi.

L’autre jour, il pleuvait (chose rare ici). Si chats et chiens chantaient sous la pluie, le bonhomme jouait de la canadienne fourrée. Preuve de notre affliction contemporaine, plusieurs passants s’en prirent avec vertu au montreur paresseux, l’accusant de mauvais traitements à animaux, et, à l’accessoire, de mentir sur le montant de ses revenus. J’ai cru qu’on allait en venir aux mains.

Dans ces cas là, je ne suis guère courageux. Pressé, je n’ai pas assisté à la fin de l’algarade. Dame, il pleuvait. Les amis des animaux l’ont-ils emporté ? Douteux, car ce lendemain, Vitalis, Joli Cœur et le petit Rémi sont de retour. Il ne pleut plus. Alors ? Alors, rien. Tant que coule la foule rue Gros-Horloge, tant que la terre tourne.

A propos, constatons que la pharmacie Aux Deux Palmiers vient de fermer. Vrai qu’avec Glups en face, la lutte devenait inégale. Un ourson par-ci, une fraise Tagada par-là, la vente de tranquillisants et de vitamines s’en ressentait. Pauvres pharmaciens ! Avec le gouvernement que nous avons, les voilà objets d’une attention sévère. Certes ils n’en sont pas encore à trimballer des animaux en carriole, mais ça ne saurait tarder.

Comme il est dit dans Mort à crédit (roman fameux) : C’est dur le commerce ! Oui, surtout rue du Gros. Vous imaginez, vous, huit heures exposé au froid des portes automatiques, soumis aux odeurs de pains au chocolat, en but aux récriminations d’une clientèle aussi désargentée que désœuvrée ? Au surplus, d’avoir à arbitrer des conflits entre chiens et chats ! Et je ne vous parle pas de la circulation et du parcage impossible.

Mais voilà, la clim aidant, on résiste. Il y a pire. Pire que cette rue. Celle du Petit-Salut par exemple, où il n’y a rien. Ou celle des Vergetiers, encore moins. Après un passage au bureau de poste de la Champmeslé, mon périple s’arrête rue Thouret. Elle s’emplit de façon joyeuse de troquets étranges et d’étranges troquets. Que font ici tous ces gens ? Que de belles femmes, que de jolis garçons ! Ils sirotent des chocolats chauds à six euros et semblent satisfaits d’être au monde. Qu’en dit le chat siamois ? Rien, pas grand chose. Comme moi, il rentre les épaules. Un grain s’annonce.

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