DCXV.

Publié le 7 Décembre 2014

De nouveau, le cardinal de Joyeuse (1692-1615). Né à Carcassonne, mort à Avignon, il repose à Rouen. Où ça ? Dans la chapelle du lycée Corneille (voir nos éditions du 1er décembre). Ça n’est pas drôle pour un méridional de vivre son éternité dans une ville où il pleut tant. Encore que, de récente facture, ces choses là ne sont plus ce qu’elles étaient. Chaque jour, in the tv, on voit pleuvoir là-bas et faire soleil ici. Mais François de Joyeuse s’en tamponne. Il n’a pas la télévision et de l’intérieur de la chapelle, il ne voit qu’à peine de pluie et pas trop le soleil.

Qu’est-ce que c’est que ce feuilleton sur le cardinal de Joyeuse ? Ce qui m’amuse, c’est qu’un homme mort en 1615 (dont on n’a rien à dire, ni en bien ni en mal) fasse l’actualité. Je crois me souvenir qu’on avait déjà parlé du pieux cardinal il y a une dizaine d’années. C’était au temps où, au-dessus de la chapelle et du lycée, on s’occupait de l’ancien couvent des Dominicains, bâtiment resté vide après le départ de nos bons pères. En haut lieu, on s’avisa que les lieux, d’une rare qualité, siéraient à une institution en rapport. Pas la caisse d’allocations familiales, ou celle des pensions aux handicapés bien sûr, mais quelque de chose de plus, comment dire, de moins, enfin vous voyez.

Qui autour de la table prononça : les affaires culturelles peut-être ? Un stagiaire ? Possible. Ils ont parfois de drôles d’idées. Toujours est-il que, chose dite, chose faite, on acheta à la hiérarchie propriétaire, couvent, jardin, cloître, chapelle, caves et même, tenez, la statue là, pas cher. Le tout dix mille, signez là. J’ai fait une affaire dit le maquignon du ministère. Un cheval comme ça, d’habitude, c’est vingt mille. Et sans la selle.

On s’installe quand ? demandèrent les Draqueux ? Lundi en quinze. Et le papier à lettres qui n’est pas prêt ! Comme adresse on met quoi ? L’adresse normale, 10 rue de Joyeuse. Un débat s’engagea. Rue de Joyeuse, ça fait un peu, comment dire, enfin vous voyez, vous comprenez, Joyeuse. Hi, hi ! Quoi, joyeuse, hi hi ? Mais enfin, ça fait lala lalère, hou hou. Bon, pourquoi pas alors : rue du Cardinal de Joyeuse, avec des majuscules. Ah oui, classe, tout à fait nous.

Et un autre dix mille pour le papier à lettres. Plus faire rire aux dépens quand la chose se sut. Même la presse nationale en parla. Quand la nationale parle de Rouen, c’est qu’il y a de quoi rire. Or, au ministère, on ne déjà riait plus. On n’a plus d’argent pleurnichait le ministre. Que faire ? Impossible de rogner sur Paris, on rognera sur Rouen.

Adieu chapelle, jardin, cheval, et même la selle. Les hou hou, vous resterez sur la rive gauche. On revendit le couvent, les Draqueux se serrèrent un peu plus, et la rue de Joyeuse resta sans Cardinal. Fin de l’histoire ? Non, il y a une suite. Drôle ? A peine moins.

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M
Bonsoir Monsieur Félix, un petit détail: je ne comprends pas les dates....le cardinal est-il mort avant d'être né ah! ah! ou est-ce in clin d'œil pour savoir si nous sommes des lecteurs attentifs?<br /> Amitiés.<br /> Martine
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M
Merci pour la jolie réponse qui me fait penser à une chanson d'Higelin....<br /> Bonne soirée!
F
Il fallait lire 1562. Tête en l'air et neuf à l'envers.