DLXLVIII.

Publié le 26 Septembre 2014

Ce dimanche, bref passage au quai des livres. Rapide car il ne fait qu’à moitié chaud. Le temps menace. Du vent dans les pages. Et l’intérêt s’en ressent. On scrute le ciel. Surtout ce gros nuage noir au dessus des tours de Canteleu. Il arrive dit l’un. Non, ça part vers Martainville. Cet autre, au final, aura raison. Mais je serais chez moi, rentré depuis longtemps. Pour l’heure, poursuivons.

Un vendeur (professionnel plus goguenard que désabusé, ce en quoi il a tort) propose au chaland une collection défraîchie des Hommes de Bonne Volonté. En voilà pour une vingtaine de volumes. Défraîchie pour l’extérieur, mais pour l’intérieur ? Il y a longtemps que je me suis plongé dans cette histoire multiforme. C’est le moment de me souvenir que mon père en faisait grand cas. Il n’était pas le seul à son époque.

Mon marchand, me croyant amateur, s’écartèle. Je peux vous faire un prix. Ce dernier n’est déjà huère haut. Relire Jules Romains ? Voilà bien un moment où je ne serais pas de mon temps. Qu’a à nous dire cet auteur sur notre monde ? Plus loin, sur le même quai, on trouve (à foison) les efforts permanents de Katherine Pancol ou Michel Bussi. Ou Christian Signol ou Claude Michelet. Tous auteurs où je n’ai jamais mis le nez. A tort ou à raison, personne ne le dira. Et comme j’ai oublié Quinette, Jerphanion et leurs amis, il est temps de passer mon chemin.

Rue de Fontenelle, puis rue Saint-Jacques, et remonter celle du Vieux-Palais. L’habituel désert des dimanches rouennais. Au Vieux-Marché, je croise Marie-Noëlle (les prénoms ont été changés) qui, me dit-elle, va chercher une tarte chez le boulanger éponyme. Elle me montre, amusée et fière, un sac spécial confectionné par une copine (quelle jeunesse !) adapté pour transporter un cercle d’une trentaine de centimètres de diamètre. Ce jour, la tarte sera aux mirabelles et confectionnée sur mesure. Croyez-vous qu’on m’inviterait ? Même pas.

En ville, il ne manque pas d’hommes de bonne volonté. C’est jour de patrimoine et tout un chacun y sacrifie. S’il y a du monde dans les églises, ça n’est pas pour celui qu’on croit. C’est pour l’autre, le laïc. En son temps, Jules Romains, joyeux drille, n’était pas tendre envers la prêtaille. Les soldats de cette dernière n’ont guère le beau rôle dans ses romans. Les médecins non plus. Ni les politiques. Au fond, personne, sinon les hommes. Du côté des femmes, le bonhomme datait aussi beaucoup. Que dire de maintenant !

Bon, je me passerai de relecture et de tarte aux mirabelles. Et je n’irai pas visiter l’hôtel d’Aligre où vivent de si beaux esprits (pas toujours commodes). Il paraît que les visites sont complètes. Comme sont complètes celles de tous les lieux où il faut aujourd’hui s’aventurer. Curieux tout de même cet oubli (sinon ce mépris) dans lequel est tombé Jules Romains. Si haut et à présent si bas. Redeviendra-t-il lisible ? Probable. Après cette célébration, usante, de 14-18 et celle, inespérée, de Stefan Zweig, les temps seront bientôt prêts.

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