DLII.

Publié le 9 Mars 2014

L’autre midi, déjeuner à la Walsheim. Rien d’exceptionnel, du courant tout fait. Le service est long, mais la serveuse, jolie et affable, fait passer ces quelques défauts. Allez, on va pas chipoter. Durant ce temps, l’affaire était à surtout causer des élections. Pour qui tu vas voter ? Et toi ? Eva n’en sait rien. Moi, oui, ma décision est prise. Non sans mal, mais tout bien pesé, je me suis décidé. Pas de gaité de cœur, bien sûr. Avec même un peu de dépit, mais enfin : il faut faire son devoir. Donc voilà, dimanche 23, j’entrerai dans le bureau de vote tête haute et regard assuré.

Bon alors ? Voilà : sur la table recouverte d’un drap vert (quelle imagination !) je choisirai le bulletin proposant la liste émanant des services généraux de la Crea, avec en tête le directeur desdits services. Je ne sais pas son nom, ni ses opinions (un brin socialiste, non ?), mais je suis certain que c’est à lui que nous devrons toutes les décisions prises durant les six années à venir. On le sait, les maires des communes environnantes lui font confiance (ben forcés, dame) et les pseudo-délégués communautaires auto-désignés par procuration, admirent tous son savoir-faire.

Bref, le futur maire, c’est lui. Je vote donc pour le gagnant. Et pour ses adjoints, directeurs délégués, chargés de mission, premier secrétaire, deuxième, tous, jusqu’au dernier stagiaire (le fils de madame D*** ? Oui, celle qui travaille à la logistique). Voilà, houp, c’est dit. Fini, plié. Et ça vaudra aussi pour le deuxième tour. Rebelote. Et Eva, devant sa tarte Tatin, de conclure : voter Yvon, Jean-Michel, Jean-François ? Moi, ce sera pic, pouille, c’est toi l’andouille. Mademoiselle, deux cafés, s’il vous plaît.

Autrefois la Walsheim se nommait Tabarin, et avant c’était La Pipe, avant encore, un café sans nom. A cette époque le maire de Rouen se nommait Maurice Poissant (1883-1969). Pas une flèche, mais brave type. En 1940, lorsque les Allemands pénétrèrent ici, quelques officiers un brin technocrates, emmenèrent Maurice Poissant faire un tour en ville. C’était histoire qu’il désigne des otages bons à prendre. Sait-on jamais, ça peut servir. Poissant, radical assez pompeux, se proposa avant les autres. Pas de ça Lisette, des otages, des vrais. Les vert-de-gris s’accommodèrent d’un choix mesuré. C’était le début. Ach, on fait pas toujours ce qu’on veut.

Durant l’Occupation, Maurice Poissant administra la ville (ce qu’il y avait à administrer, pas grand-chose). Puis on se lassa de cette figure bonnasse, pas très franche du collier. Il fut arrêté et déporté. A la Libération, vous en doutez, on l’accusa des pires maux. Comme disait l’autre : à la bonne heure. Mais pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? Peut-être parce que à la Walsheim, la choucroute est copieuse et que les saucisses de Francfort sont cuites à point. Et qu’aussi j’ai tort de choisir du chou le midi. Digestion lourde, j’en ai mangé jusqu’à minuit. A une heure, j’ai avalé deux Citrate de bétaïne Upsa (publicité gratuite). Mais pourquoi il nous raconte tout ça ?

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article