DXXIV.

Publié le 19 Novembre 2013

L’hiver arrive. L’entrée du terrier des marmottes. Toujours chez moi. Je lis, regarde la télé, écoute la radio. Mange peu. Et bois encore moins. Pas envie et pour tout. Ou pour rien. L’autre matin, fin de matinée, la radio en sourdine. Mot impropre en l’occurrence car la sourdine est audible. C’est moi qui ne l’est pas. Tout à coup, la marmotte dresse une oreille. Novembre 2013, sur France-Culture, j’entends la voix de Roger Parment. Dites, quel choc. L’émission en question (Cultures Monde) s’attache à nous causer d’archéologie. En ce fameux jour, du problème des fouilles préventives. Comment ça a commencé et pourquoi on en est là.

Donc Roger Parment. On va encore me reprocher d’en parler. Et d’en dire du mal. Avouez que ce n’est pas faute : c’est celle de France Culture. Et croyez qu’à ce propos, ça me fait assez mal au ventre. Pour les petits poucets, j’indique que Roger Parment (1919-1992) fut journaliste, homme politique et mémorialiste local. Il a, du reste, une page Wikipédia à ces titres. Très sobre (je veux dire la page). Pour rester dans le mémoliquement correct, disons qu’il fut ici adjoint au maire. C’était en 1978, sous une énième mandature de Jean Lecanuet. Cela s’appelait Mieux vivre à Rouen (sujet encore d’actualité mais qu’il vaut mieux taire). Comme disent les bavards : Etc. Etc.

Toujours est-il que l’autre matin, grâce à la télégraphie sans fil, Roger Parment causait dans le poste. D’outre-tombe, avec l’aide avisée d’une futée documentaliste. L’onde sonore datait de 1982, époque où Rouen était célèbre pour une découverte archéologique. Une de plus. Alors, le Palais de Justice étant à l’étroit (rien ne change) on avait résolu d’ouvrir une annexe dans un immeuble de la rue aux Juifs. Annexe n’était pas tout ; il y fallait aussi (surtout) un parking. Chose dite, chose faite.

Trois coups de marteaux-piqueur et l’on mit à jour un ensemble de murs. Considérables et médiévaux. Trois parchemins consultés, un expert avisé, il s’agissait des restes de la maison d’un dénommé Bonnevie, juif de nation. C’était écrit là, en belles cursives. L’ensemble, monumental et intrigant, aurait pu être conservé. Ouais, et ma bagnole je la mets où ? On protesta, temporisa, négocia. Ministériels souverains, universitaires contrits, politiques pondérés. Accord fut trouvé dans la conservation de trois moellons formidables qu’il serait toujours loisible d’admirer. Aujourd’hui, seules les calendes Nissan, Ford et Volvo y participent. Garçon, champagne !

A l’époque, l’affaire fit quelque bruit. A preuve cette interview donnée par Roger Parment, adjoint au tourisme (ici confondu avec la culture). L’homme y était égal à lui-même : au courant de tout, responsable de rien, mais autorisé à en parler. J’ajoute : et sans crainte du ridicule. Ce que nota, sans y toucher, l’animateur de 2013. Allons, on ne prête qu’aux riches. Et, au surplus, être adjoint ne console de rien. Je profite de l’occasion pour vous rappeler qu’en mars prochain, il y aura des élections. A ce que je sais, il y a encore pas mal de creux dans les listes. Si le cœur vous en dit.

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