DXVIII.

Publié le 26 Octobre 2013

En septembre 1712, Benjamin Franklin, alors âgé de six ou sept ans, échappant à la vigilance de ses parents, fut enlevé par des indiens Mohicans. Mise en alerte, une brigade de l’armée britannique effectua une reconnaissance du secteur. Elle ne tarda pas à découvrir l’enfant affamé et transis, mais sain et sauf. Porteur d’un pied bot (ce qu’on sait peu) il avait été abandonné par ses ravisseurs.

L’année où l’Empereur Napoléon Ier montait sur le trône, le jeune François Raspail entrait au séminaire de Carpentras. Elève peu studieux, trop prompt à jouer aux quilles et à la balle, il fut bientôt renvoyé de l’établissement. Son aubergiste de père le plaça alors au lycée. Toujours tête en l’air, François Raspail en sorti libre-penseur pour vite épouser la cause du carbonarisme (voir ce mot).

Il existe, à Sotteville lès Rouen, une école primaire baptisée (terme impropre) Franklin-Raspail. Pourquoi avoir accolé les noms de ces illustres multicartes ? On pourra, à la rigueur, le savoir. Mais pour ce qui suit, il s’agirait d’un vagabondage hors de propos.

Comme beaucoup d’école primaire, Franklin-Raspail est close. Entendez : closes de murs. Ici ou ailleurs, il ne manque pas de solutions pour protéger l’enseignement. De quoi ? De l’extérieur pardi, où l’ignorance propage son règne absolu. A Franklin-Raspail (l’un fut imprimeur, l’autre microbiologiste) on est plus optimiste. Si l’école est coupée du monde qui va et qui vient, c’est par une seule clôture. Légère et aérienne.

De fait, la chose est assez rare pour qu’on s’en formalise. Ainsi de parents s’inquiétant de ce que cette simple barrière ne soit haute que de quatre-vingt centimètre. Selon eux, cette hauteur (plutôt son absence) ne protège de rien. Ni de l’extérieur, ni de l’intérieur. Cette mère en témoigne : J’ai vu un enfant, lors de la récréation, passer par-dessus pour aller récupérer un ballon. Il paraît que la rue est passante. Trop. N’a-t-on pas vu, l’autre matin, une Jeep Cherokee passer à vive allure ? Un autre parent d’élève renchérit. Jugez de la brève clôture : Une personne mal intentionnée pourrait très bien attraper un enfant et le soulever.

Las ! La connaissance de l’Histoire et des personnages y jouant un rôle ne sert de rien. Chaque génération croit avancer, elle ne répète les erreurs d’antan. Bien sûr, il n’est pas certain que les petits Sottevillais lambda soient destinés à inventer le paratonnerre ou moisir en prison pour délit d’opinion. Si oui, il sera toujours temps aux anciens bambins d’en maudire les cendres de Pierre Bourguignon, coupable de ne pas avoir placé la barre assez haut.

Je m’en voudrais de fournir des armes à l’opposition municipale, mais le fait est là. D’autant qu’à lire les journaux, bien malin qui pourra désigner cette fameuse opposition. En politique les alliés se perdent dans les points de suspension. La bataille de Sotteville aura-t-elle lieu ? Oui. Qui la gagnera ? Ceux qui ne sont plus dans le camp des perdants. Dernier indice pour résoudre l’énigme : En 1826, James Fenimore Cooper fit paraître un ouvrage fameux. Quel est son titre ?

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article