DXLVI.

A l’image de nombre de lecteurs de journaux, je ne me lasse pas des Travaux vont bon train dans le quartier de la gare ou du Matériel flambant neuf arrivé à la caserne des pompiers. Inépuisable filon que cette écriture à la va comme j’te pousse. Une vieille amie les collectionne. Dans un chapitre à part, elle recense ce qu’elle nomme les Rime avec. Plaie moderne que celle des titres ou sous-titres contemporains : Quand chômage rime avec libéralisme… ou quand L’Hiver rime avec livraison de fioul… Avouons que si le rire y est facile, il n’est pas méchant. Daté ? Peut-être.

Connaissez-vous St-Léger du Bourg Denis ? C’est à la campagne. On y vit de façon paisible. Raison pour laquelle, des années durant, on y a élu un même maire. En l’occurrence, une femme respectée (et respectable) nommée Nicole Rimasson. Un brin cumularde ? Bof, qui ne l’est pas ? Toujours est-il que, pour les prochaines municipales, Nicole Rimasson (qui fut institutrice) ne sera pas candidate à un énième mandat. Dont acte. Et d’où, le mois dernier, une cérémonie des vœux empreinte d’émotion et de félicitations dans le genre convenu qui sied.

Là n’est pas la question. La question est celle de ce qu’on imprime dans Le Fanal de Rouen. N’étant pas de la cérémonie (quel regret !) il m’était un devoir d’en lire le compte rendu dans mon quotidien favori. Donc Nicole Rimasson ne se représente pas, l’annonce, mais précise qu’elle restera dans sa commune. Bref, quitte le pouvoir et s’en va cultiver son champ. Tout à l’image d’un célèbre Romain.

On n’est pas obligé d’être correspondant de presse. On n’est pas obligé non plus de tout savoir. Même le minimum. Pour preuve, le naïf compte-rendu du 29 janvier signalant que madame le maire partante faisait là allusion à Saint Synatus l’empereur romain retourné à la terre. Que voulez-vous, à l’heure du Nescafé et des petits pains suédois, ça me fait rire. Comme me fait rire (beaucoup moins) de savoir que la presse ne se vend plus. Ou peu. A tort, car les lecteurs supposés y perdent. Surtout en profondeur. Parce qu’en surface, pardon.

Va pour Saint Synatus que l’église municipale (c’est à craindre) ne tardera pas à enrôler. On le sait, St-Eloi est le patron des orfèvres, St-Charlemagne celui des écoliers, et Ste-Barbe celle des sapeurs-pompiers. Pour le futur mois de mars, nous n’hésiterons pas à brûler un cierge (un gros) à l’intention des maires et conseillers municipaux. Qu’ils soient battus ou victorieux, le nouveau saint romain (hi, hi) leur sera miséricordieux. Derrière sa charrue, Nicole Rimasson n’a à craindre qu’une mauvaise récolte (avec c’ qui tombe cet hiver !) Mais les autres ? Ils auront besoin de son intercession auprès du seigneur (le vrai).

Citer des noms ? Je m’en garde. Attendons la suite et la fin. Il semble que si les sondages se succèdent, ils se contredisent. Mystère des prédictions où Saint Synatus n’est pas de première force. Dame, il débute. Comme on dit à la sacristie : c’est le métier qui rentre. Certes.