DXLII.

Publié le 28 Janvier 2014

Voulez-vous rire ? Penchez-vous sur les démêlés politiques locales à propos des élections. Certes, on n’est pas obligé de s’y intéresser. N’empêche, la lecture des journaux est un dérivatif à la mélancolie ambiante. Rien que pour ça, on doit dresser l’oreille et ouvrir l’œil. Nous avons encore deux mois avant de savoir à quelle sauce sera accommodée la ville future. Façon de dire car, tout se décide du côté de la communauté de communes (appellation transitoire). De fait notre choix électoral du 23 mars sera de peu de poids (sans parler de celui du 30).

Ce qui m’intéresse, ce sont les démêlées minuscules. Ici, à Rouen, quel sera le sort du colonel Chabert ? Je vous prends le pari qu’il n’ira pas jusqu’au bout. La coalition des droites centristes et indépendantes sera-t-elle en tête lors du premier scrutin ? C’est à craindre (traduit de l’anglais). Les ancien Staliniens du 33 de la place de l’Hôtel de Ville se féliciteront-t-ils du mauvais calcul de leurs instances nationales ? La réponse est oui. Les vertueux écologistes auront-ils assez de Kleenex pour éponger leurs larmes au premier soir du scrutin ? Non. Ils devront, c’est le pire, en quémander à leurs adversaires. C'est-à-dire à tout le monde.

Ce dimanche, rituel en l’honneur de Saint Marc oblige, les militants sont tous là. Ou à peu près. Si l’évangéliste est le saint patron des greffiers (aussi des lessiveurs) qu’en conclure ? Qu’il faut, coûte que coûte, distribuer des tracts (réputés flyers). Le militantisme de notre temps est celui de l’imprimé. Pas tant celui du net où l’on communique. Mais celui de la consommation. Du ravitaillement. Deux pour le prix d’un. Comme dit l’autre : la qualité d’abord ! C’est par antiphrase.

Je ne dois pas avoir le profil écologiste. Pour preuve, le peu d’empressement que mettent les dits-tractants à me délivrer leur programme. Même réflexion que pour la semaine 3 (soyons greffier) où je n’ai eu que de justesse celui des socialistes. Dame, ça coûte ces choses-là. Entre nous, on ne le donne qu’aux connaissances. Ce jour, devant les Vins Nicolas, il me faut le réclamer à un jeune vaseux endoudouné de vert sombre. Il rêve au printemps, le malheureux.

A proximité, la gauche extrémiste m’ignore. Trop bien fringué, pas d’ chez nous. Résultat : qu’en est-il de la lutte finale ? Bernique. En revanche, le vainqueur d’Eylau se précipite. Ai-je le style, la parure, l’âge ? Non, c’est mon côté balzacien. Classique, rassurant, distingué. Mais là encore, déception : ce tract, je l’ai déjà eu dimanche dernier. Les Illusions perdues ? Non, Les Comédiens sans le savoir.

La politique est-elle fille de la littérature ? Possible, probable, certain. A Rouen surtout. D’où cette propension à éditer (car pour ce qui est d’écrire, mystère) d’aussi volumineux programmes. Alors que le plus attractif (séduisant) devrait tenir en un carré de papier, nous voilà t’y pas avec des cahiers de cent pages emplis de mots à cinq syllabes. C’est à croire : l’électeur est d’abord un lecteur. En tant que tel, il n’est pas difficile.

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