DXXXI.

Publié le 17 Décembre 2013

Il m’arrive, tard le soir, rentrant d’une invitation quelconque (d’une quelconque invitation ?) de passer place de l’Hôtel de Ville. Il faut bien rentrer chez soi. Empruntant (terme admis) la rue de l’Hopital, on se doit de passer entre ce qui fut La Consolation et L’Union, cafés disparus. Le second, fort connu, est devenu le pub O'Kallaghan. On en parle ces jours-ci. Il parait que la mairie, lassée des plaintes de riverains grincheux, a ordonné la fermeture de la terrasse. Chaque soir à 23 heures, dernier carat, rideau.

De deux choses l’une : ou l’histoire est simple, ou elle est compliquée. Pour le simple : je connais des gens qui, habitant à proximité des deux comptoirs, ne peuvent dormir la nuit. Ils ont résolus de déménager. Pour le compliqué : voici une ville, de nuit comme de jour, que voulez-vous d’autre ? Mais aussi, de deux choses l’une : ou l’histoire est neuve, ou elle est ancienne. J’ai connu des gens qui habitaient en face des locaux dits du départ du quotidien Paris-Normandie. Ils ne pouvaient dormir la nuit. Ils résolurent de déménager.

Pour la jeune génération, buveuse de bière et excitée de foot, précisons que le quotidien occupait l’exact périmètre de l’actuelle résidence Bouygues (dormez braves gens). Et précisons que le départ était le central d’embarquement des journaux pour toute la Normandie, marches comprises. Rappelons aux footeux alcoolisés que le canard était imprimé ici et qu’il tirait à un nombre d’exemplaires qu’on n’imagine plus.

Donc, alors, vers deux ou trois heures du matin, la rue bruissait des démarrages des camions, camionnettes, motos et motocyclettes. Le journal allait partir, partait, était parti. Bon, alors, y fait quoi aujourd’hui Poustiquet ? Si Raymond Kopa marquait en nocturne, il était encore temps de changer la Une. Tandis que maintenant !

Donc alors, Vincent et Marie-Jeanne, jeunes mariés, logés au-dessus de Ciné-Photo, n’en pouvaient plus. Eux aussi, eux déjà. Ils partirent pour Darnétal, un pavillon neuf du côté de la route de Gournay (il existe toujours). Le dimanche, Vincent allait voir le foot au stade des Violettes. A la buvette, il prenait une bière, Meteor ou Stella Artois. Connaissant l’arbitre, il discutait technique. Le monde était simple à l’époque. Tandis que maintenant !

L’autre soir, au O'Kallaghan, ambiance surchauffée. Il s’agissait de la retransmission de France-Ukraine, là où les Bleus voulaient l’emporter et où ils perdirent. Toujours la technique ! Donc le 15 novembre dernier, jour de la saint Albert. Je revenais de chez les R***. Au dîner, la jeune génération, I-pad aussi surchauffé, nous entretenait de l’avancée du désastre. Des verrines au café, ça n’allait pas fort. Un match est une histoire. Une fois dehors, je voulus connaître la fin. Rue de l’Hopital, filles et garçons, j’abordais un trio. Nous en sommes où ? Réponse lapidaire : On l’a dans l’ cul, monsieur !

Pour l’occasion, je remercie la municipalité rouennaise et la police municipale de m’avoir permis de vous entretenir de ma passion pour le football. Voilà un aspect de Rouen Chronicle qui, jusqu’ici, avait échappé à de nombreux lecteurs.

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